
Commémore la création du Conseil National de Résistance
Comme tous les 27 mai, Mérignac commémore la création du Conseil National de Résistance devant la plaque disposée dans le parc de la Mairie. Un bel emplacement au milieu de la vie quotidienne des Mérignacais qui fréquentent ce magnifique parc. Mme Marie-Pierre PUJOL s’implique totalement dans l’organisation de cet événement auquel sont conviées les associations engagées dans ce devoir de Mémoire ainsi que les associations patriotiques et les personnalités civiles et militaires de la ville.

La classe de 3ième1 du collège des Eyquems participait activement à son organisation et à son déroulement par un dépôt de gerbe, des chants, des lectures.



Les autorités civiles et militaires.
Une réception dans la salle des mariages a prolongé la cérémonie et Mme PUJOL a pu rappeler les faits et le contexte historiques de la naissance du CNR.

Les jeunes du collège des Eyquems ont entonné le « chant des Partisans » sous la direction de leurs professeurs.


POUR EN SAVOIR +
27 mai 1943-27 mai 2025- 82e anniversaire de la Création du CNR- M-P PUJOL (ANACR)
En ce 27 mai 2025, nous renouvelons nos remerciements à toutes les autorités civiles et militaires, les associations, les Mérignacaises et Mérignacais présents aujourd’hui pour cet hommage à la Résistance unie en 1943. En effet, avant le 27 mai 1943, il y avait dans la France occupée, des résistances.
Dès 1940, des individus, des groupes ne pouvaient accepter la défaite militaire, entérinée par la demande d’armistice du maréchal Pétain devenu Président du Conseil. Ils reprirent le combat. Sans armes, sans encadrement, leur première action fut de faire connaître ce refus de la capitulation alors que l’ensemble des Français était abasourdi par la défaite d’une des meilleures armées du monde et par ses terribles pertes. 58 829 décès, entre le 10 mai et le 22 juin, d’après le site Mémoire des hommes du Service Historique de la Défense. Cela sans compter les Marins. Les blessés, les prisonniers (1M 800 000), les bombardements, l’exode tout cela explique que beaucoup avouent avoir vécu l’armistice comme un soulagement. Peu ont eu la volonté de poursuivre la lutte soit à partir d’Alger, 2ème capitale de l’Empire français soit avec le Royaume-Uni, resté seul face aux Nazis. Ceux qui le firent furent arrêtés, emprisonnés comme les passagers du « Massilia » parti du Verdon ou condamnés à mort par
contumace par un Tribunal militaire comme le général de Gaulle.
En un an, des publications clandestines, des caches d’armes, des filières d’évasion, des organisations balbutiantes se mirent courageusement en place dans l’Hexagone. A Londres, rares furent les volontaires à rejoindre de Gaulle mais ce fut le début de la France Combattante. En 1941, de Gaulle prit conscience du potentiel des résistances intérieures. Le rôle de Jean MOULIN, intermédiaire entre ces deux univers, fut essentiel à ce moment-là même si certains mouvements le contestèrent. Avec le passage à l’action directe des
organisations communistes, naît une autre problématique autour de l’action résistante, d’autant plus que la répression fauche les rares militants ou résistants. Le renseignement et l’information deviennent cruciaux pour préparer des bombardements de la RAF par exemple et lutter contre la Propagande de l’Etat français et l’enrôlement des Français, notamment des jeunes.
En ce 27 mai 2025, saluant ces premiers résistants, nous ne pouvons qu’évoquer Mauricette THIBOUVILLE née FOURNIER, décédée à l’automne 2024. Avec l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR), elle invitait au nom des Combattants Volontaires de la Résistance (CVR) à celle présente commémoration du Conseil National de la Résistance. Mauricee FOURNIER habitait en plein fief de la Résistance, en Dordogne. Ses
parents hébergeaient et soignaient des maquisards blessés. À partir de novembre 1943 elle les rejoint dans l’action. Elle a 17 ans pour sa première mission : porter des documents en partance pour Londres. Elle sera ensuite l’agent de liaison de différents groupes et maquis.
Mauricette, alias « Moustique » sert ainsi au titre des FFI Dordogne- centre. Le 1er décembre 1944, elle signe son Engagement Volontaire pour la durée de la guerre. Mutée à Bordeaux en 1946, affectée à l’Etat-major 4e bureau, elle est démobilisée à sa demande, le 1er juillet 1948.
A partir de 1972, devenue retraitée, elle poursuit son engagement en prenant d’importantes responsabilités dans la vie associative de 1972 notamment auprès des camarades de Combat et de l’ANCVR de la Gironde et ce jusqu’à ses derniers jours. Mme THIBOUVILLE a maintes fois témoigné de l’action de la Résistance auprès des jeunes, souvent filmée, nous laissant ainsi de précieuses archives. Chevalier de la Légion d’Honneur, elle reçut la Croix du combattant de la Résistance, la Croix d’honneur du mérite Franco-Britannique et la Médaille
de la reconnaissance de la Nation commémorative 39-45. Malgré son grand âge et son état de santé, elle tenait à être présente à Beutre, encore l’an dernier, pour la commémoration de l’Envol du Général de Gaulle, le 17 juin 1940. Elle représente l’engagement des CVR, Combattants Volontaires de la Résistance et, à travers elle, nous saluons ces femmes et ces hommes courageux jusqu’à la mort, engagés pour la Vie et la Liberté.
Autre femme de courage, Marie-Claude VAILLANT-COUTURIER dont le nom a été donné cette année à une rue de Mérignac. Née VOGEL, Marie-Claude VAILLANT-COUTURIER représente ses camarades engagés dans la Résistance, venus d’autres horizons sociaux et politiques : Responsable et élue communiste, décédée en 1996, elle a connu la clandestinité, la répression et la Déportation. Cet hommage rappelle, presque 80 ans après son témoignage sur la Shoah au Tribunal de Nuremberg, ce qu’elle, la résistante, vit de l’effroyable machine exterminatrice nazie à Auschwitz.
Ces deux exemples permettent de mesurer le travail de Jean Moulin afin de dépasser les divergences idéologiques, politiques ou religieuses et de rassembler les résistants, estimés à moins de 2% de la population d’alors. Avec deux objectifs : libérer le territoire national et rétablir la République. Il fallait une structure suffisamment convaincante pour appuyer le général de Gaulle aux prises avec les Alliés. En effet, Roosevelt détestait le chef de la France
Libre soutenu jusque-là par Churchill. Il était prévu de l’affaiblir voire de l’effacer pour laisser la place au général Giraud. Le 15 mai 1943, peu avant de se réunir dans la clandestinité, Jean Moulin et le C.N.R. envoyaient à Londres un message de soutien affirmant « que le général de Gaulle demeurera le seul chef de la résistance française, quelle que soit l’issue des négociations ». Une résolution que les Alliés ne pouvaient qu’enregistrer et accepter. Cela permit à de Gaulle de contrer un projet de gouvernement militaire (A.M.G.O.T) auquel les Alliés voulaient nous soumettre. En effet, Vichy avait fait de la France un soutien d’Hitler comme l’Italie ou les Pays-Bas qui subirent l’AMGOT. Par son unité, le CNR avait constué un Gouvernement provisoire de la République Française, indépendant et prêt à fonctionner.
Dès sa création, le Conseil avait, de plus, déclaré sa détermination de participer aux combats libérateurs. « L’Armée des ombres » était prête et organisée avec les MUR (Mouvements Unifiés de la Résistance) puis l’AS, Armée Secrète. Elle allait le démontrer dans la préparation et le soutien qu’elle apporterait lors des débarquements alliés avec les FFI. Elle harcela l’ennemi et fut un important appui qui étonna même le général Eisenhower*.
Enfin, le 15 mars 1944, le C.N.R. publiait « Les Jours Heureux », programme de gouvernement décidé par toutes les composantes du CNR. Un programme économique et social que l’on retrouve dans le discours prononcé par le général de Gaulle, devant l’Assemblée consultative à Alger, le 18 mars 1944 : « La démocratie française devra être une démocratie sociale, c'est-à-dire assurant organiquement à chacun le droit et la liberté de son travail, garantissant la dignité et la sécurité de tous, dans un système économique tracé en vue de la mise en valeur des ressources nationales et non point au profit d’intérêts particuliers. ».
Dès la Libération de Paris, en août 1944, ce programme fut mis en place par les Secrétaires généraux désignés par le Gouvernement provisoire d’Alger, au fur et à mesure de la libération des Ministères par les FFI de Rol-Tanguy.
Ainsi, les Alliés ne purent qu’entériner le retour de la France parmi les grandes Nations. Elle put ainsi apposer sa signature sur les actes de redditions des forces de l’Axe. Enfin, elle se vit confier un secteur d’occupation en Allemagne vaincue et un siège au Conseil de sécurité de l’O.N.U.
Espérons qu’au-delà des méfiances d’autrefois et des désengagements d’aujourd’hui, les alliances qui écrasèrent le nazisme demeurent et que les démocraties ne soient pas vidées de leur vitalité. Nous entendons lors des périodes électorales des « On n’a jamais essayé ».
Si, en France, entre 1940 et 1944, « on a essayé » ! Faudra-t-il, 80 ans plus tard, une nouvelle génération de résistants, de quelque sensibilité qu’ils soient, prêts à se sacrifier pour regagner notre liberté et notre démocratie ? Formons l’espoir que notre jeunesse vivra dans la paix et la Liberté, gagnées par « Ceux qui croyaient au Ciel et Ceux qui n’y croyaient pas » !
Marie-Pierre PUJOL
Jacques LOISEAU
ANACR
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